Evocations... Mon mari, Fausto Olivares, peintre.


Françoise Gérardin
Chapitre 2 : 1950~1958

Les premiers maîtres

L’atelier de Paco Cerezo est confiné aux limites baroques de la Carrera de Jesús, tout au fond de la bâtisse qui abritait autrefois, derrière le frontispice décrépi du Camerín de JesúsChapelle., l’emblématique figure polychrome de l’AbueloLe « Jesús Nazareno » des semaines saintes est nommé à Jaén el Abuelo à cause de la légende qui explique sa mystérieuse fabrication..

C’est là que Fausto, partageant ses journées entre l’aide apportée à son père et l’apprentissage de la peinture, entre en contact avec la restauration de tableaux, retables et statues, œuvres de la Renaissance, du Baroque et du Romantisme que le maître ressuscite devant ses yeux. CerezoArtiste peintre et restaurateur de renommée nationale ( 1918-2006) que l’on retrouvera tout au long de l’existence de Fausto. répare patiemment les outrages provoqués par les guerres et par l’oubli, s’évertuant à dépoussiérer les strates historiques des lieux qui connurent un jour le Siècle d’or. Les amoncellements d’œuvres, portraits en cours, paysages familiers, natures mortes, scènes à la Téniers, sur pièces en bois de l’époque, animant les angles sombres des voûtes, tout ici contribue au mystère qu’enferme le quartier. A l’instar du couvent des Descalzas, jouxtant l’atelier et qui protège le Manuscrito de JaénOn peut demander à voir le Manuscrito de Jaén, au couvent des carmélites déchaussées, rue Carrera de Jesús. de Saint Jean de la Croix, d’autres témoins archéologiques et idéologiques y dorment d’un sommeil comateux qui semble irréversible. Cependant les sensations du Beau, vaguement perçues jusqu’alors, se ponctuent de véracité aux yeux de Fausto, dans ce lieu de rêve où se côtoient corps et visages glorifiés :
- Les enfants… des chérubins joufflus, ailés, dansant entre les bouquets de lys, les couronnes et les roses suspendues.
- Les femmes… des Vierges ascensionnelles, protectrices ou affligées, mères-reines chatoyantes, généreusement drapées.
- Les hommes… des princes de la terre et du ciel, majestueux, puissants, parmi d’humbles ermites en bure austère.
Humanitude céleste, enveloppée par les tourbillons voluptueux du voilage, des nuages, du velours, de la soierie et des lignes en volutes que les colonnes palatines équilibrent, ciselant au loin de somptueux couchers de soleils latins.

Guidé par l’appétit du savoir plus et plus vite, encouragé par le maître, Fausto, comme d’autres jeunes adeptes de l’art, suivant une dynamique effrénée en apposition à l’aphasie paralysante du moment, s’apprête à commencer l’Ecole des Arts et Métiers. Il étudie auprès du professeur don José María TamayoDon José-MaríaTamayo Serrano ; professeur de dessin aux Arts et Métiers (entre autres) de Jaén ( Úbeda1888- Jaén1975)., avec l’impatience d’arriver au cours des élèves les plus formés. Malgré son jeune âge, don Pablo Martín del CastilloDon Pablo Martín del Castillo ; professeur de dessin , directeur de l’Ecole des Arts et Métiers de Jaén 1941 à 1963), peintre, cartonnier de peintures murales et de vitraux artistiques. (Valladolid 1889- Jaén 1963). l’accepte ensuite dans sa classe de dessin. Ce professeur, tout d’abord intrigué par le gamin qui, lors de l’épreuve d’entrée dessine sa main gauche appuyée sur la table au lieu de reproduire un modèle imposé, décide de le préparer intensivement pour l’Ecole des Beaux Arts de San Fernando de Madrid.


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