Semana Santa. Dernières Pâques.
Ephrem prend soin de son père depuis sa démobilisation militaire.
Jaime, Véronique et leurs enfants, Clara et Damián, viennent de Strasbourg ainsi que, de Rouen, Fausto, Hélène et leur fils Camille qui présentent Jeanne, âgée d’un mois, à leur grand-père Fausto. En voyant le bébé, la compassion paternelle lui fait oser un sourire déjà muet, inaccessible, comme prohibé.
Les processions assourdissent les rues de ce tintamarre particulier aux fanfares religieuses et populaires ; applaudissements, cris d’enfants, conversations braillardes sous les accents chevauchés des trompettes et des grosses caisses.
Ephrem, qui, depuis la fin de son service militaire assiste son père, ouvre un passage dans la foule compacte en le soutenant jusqu’à la porte d’entrée de la maison de Sérvula, où le gros de la famille va se réunir pour voir de près les pasos du Christ de l’ExpirationSculpture du Christ mort sur la croix, attribuée à José de Medina, de Málaga (XVIIIe s.)..
Vacillant au croisement de la rue Tablerón, à hauteur du balcon de l’appartement, le « Cristo de la Expiración » prend un virage si lent et si large que le regard mourant du crucifié croise, à quelques centimètres, le regard de Fausto qui, assis à l’étroit près de sa mère et tout aussi chancelant que la sainte figure par les porteurs bercée, adresse un salut intime, inédit, articulé, une tragique saeta suppliée : hazme sitio, que ahora voy (prépare-moi une place, j’arrive bientôt.)
Puis, encore quelques jours. Douleurs supportées. Chants flamencos commentés, disséqués. Dessins, pour les Sonnets de Ramón PorrasRamón Porras Gonzalez : Arco del Consuelo, ediciones del Umbral, 1995, à terminer. Le tableau, Une Chanson, à signer et que Valenzuela emporte avec une Bañista*Baigneuse. à Barcelone.
Et puis les visites.
Paco monte voir les matches de foot télévisés qu’il commente en phrases silencieuses pleines de sourires larmoyants. Cefe vient aux nouvelles. Pepe aussi, une fois son cours du soir terminé. La mère, Mariflor et Maribel que la pensée d’une dégradation physique déstabilise, affrontent douloureusement la présence évanescente de Fausto. Des intimes veulent également apporter de la fraîcheur du temps et repartent à voix hautes… Ça n’est pas pour ma vie qu’ils craignent, c’est pour leur propre mort qu’ils reconnaissent à ma tête…
Angel Estrada fait le voyage pour des adieux à son ami.