Evocations... Mon mari, Fausto Olivares, peintre.


Françoise Gérardin
Chapitre 24 : 1975

Mort du Caudillo Francisco Franco

Mais les temps ne sont pas en accord avec les tours de passe-passe gracieux car, sur les pans escarpés d’un gouffre historique hasardeux, on appréhende le dernier crachat du volcan tout puissant qui s’éteint.
Les paupières se plissent aux dernières pulsations télévisées de ce cratère craquelant.

De rapports médicaux en bulletins officiels, Francisco Franco, el Caudillo, meurt inlassablement le 20 novembre.

Matin glacial dans les rues désertes que le vent ne parvient pas à faire vibrer.
Pas de cloche, pas de tambours ni de trompettes. Pas d’école. Pas de gaîté de cœur. Un piéton furtif s’approvisionne en pain, un autre rentre chez lui, courbé, un jambon sous le bras ( mieux vaut prévoir…). A la radio, informations, colloques, musique circonstancielle. Des ménagères, à l’épicerie, extériorisent leur trouble en doublant leurs provisions : Aïe, il nous a laissés... Et maintenant qu’est-ce qui va se passer?... Il faut voir tout ce qu’il a fait cet homme !... La force qu’il avait!... Quel patriote !... En plus, il dirigeait toute l’Espagne ! La pays tout entier!...  A la télé, ils ont donné un reportage sur sa vie ce matin ! ... Et comme il aimait l’Espagne ! .
La télé, faudra-t-il l’avouer, se substitue avec habileté et bon jugement aux velléités de réactions risquées. Toute-puissante, elle gère en matrone avisée les jours importants qui passent, somme toute, comme les autres jours ; l’Histoire ensuite modèlera, justifiera, compliquera.
Les historiens gonfleront de sens les virages ou les dérapages de ces dates à retenir.


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